6166 – Vladimir Poutine et Xi Jinping à Pékin – cap sur le 21e siècle – par Patrick Lawrence – n°11 du 4 juin 2024 – Horizons & Débats –



par Patrick Lawrence* – n°11du 4 juin 2024 – Horizons & Débats
Le Président russe Vladimir Poutine et le Président chinois Xi Jinping lors d’un thé dans le jardin de Zhongnanhai à Pékin. (photo http://www.kremlin.ru)

Vladimir Poutine et Xi Jinping ont ajouté un nouveau sommet à leur quarantaine de rencontres officielles lors de leur dernière réunion à Pékin, qui s’est poursuivie à Harbin, dans le nord-est de la Chine, pour deux jours d’entretiens qui se sont achevés le vendredi 17mai. Le jeudi soir, les deux dirigeants assis derrière une longue table drapée de vert se sont adressés aux «représentants des médias» pour reprendre l’expression de Xi.
    Le Kremlin a été le premier à publier une transcription de sa «déclaration aux médias à la suite des entretiens entre la Russie et la Chine». Avant de les citer, une remarque s’impose.
    Des médias et dirigeants occidentaux ont aussitôt fait de leur mieux pour présenter cette «énième rencontre» entre les dirigeants russe et chinois étant sans importance, faisant entendre qu’il s’agissait simplement de deux autocrates que rien ne reliait si ce n’est leur inimitié commune à l’égard de l’Occident. L’habituel donc. Il ne faut pourtant pas sous-estimer l’importance de ce que Poutine et Xi avaient à se dire cette semaine, l’un à l’autre ainsi qu’au reste de l’humanité. Le monde vient de basculer une fois de plus.
    Le Kremlin a été le premier à publier une transcription de sa « Déclaration aux médias après les pourparlers entre la Russie et la Chine». Les deux présidents ont pris la parole à tour de rôle: Xi, en tant qu’hôte de la réunion, a commencé, ensuite, Poutine. Voici un extrait des propos de Xi Jiping:
«Nous avons signé des déclarations communes sur le renforcement du partenariat global et de la coopération stratégique entre la République populaire de Chine et la Fédération de Russie au vu d’une nouvelle ère […] La Chine et la Russie ont servi de modèle aux autres en leur montrant comment construire des liens d’Etat à Etat d’un genre nouveau en tant que deux grandes puissances voisines […], sur la base des principes de respect et d’égalité».
Xi a poursuivi dans cette voie pendant plusieurs minutes. Voici maintenant un extrait de l’intervention de Poutine:
«Au cours de nos entretiens, il est apparu une fois de plus que la Russie et la Chine ont des points de vue similaires ou identiques sur de nombreuses questions internationales et régionales. Nos deux pays poursuivent une politique étrangère indépendante et souveraine. Nous travaillons ensemble à la création d’un ordre mondial multipolaire plus juste et plus démocratique, fondés sur le rôle central qui revient aux Nations unies et de leur Conseil de sécurité, sur le droit international, sur la diversité culturelle et civilisationnelle et sur l’équité des intérêts entre tous les membres de la communauté internationale».

Deux choses sont à retenir de ces remarques de qualité principale.
    Tout d’abord ceci: les médias occidentaux soutiennent depuis des mois l’existence d’une différence derrière la façade présentée par Pékin et Moscou. Il paraîtrait depuis des mois que les Chinois n’approuveraient pas l’intervention militaire russe en Ukraine. Les relations bilatérales seraient radicalement déséquilibrées en faveur de la Russie et peu utiles à la Chine. Etc. etc.
On peut désormais constater qu’il s’agit, une fois de plus, de fantasmes. Dans leur brève intervention devant les médias (comme dans d’autres déclarations), Xi et Poutine font savoir, de toute évidence, que sur le plan stratégique, il n’existe aucune divergence entre les deux grandes puissance non-occidentales.
En ce qui concerne la question ukrainienne, il convient de noter d’emblée que la Chine, consciente des provocations de l’Occident, a fait preuve d’une imperturbable neutralité. Ce qui est justement tout ce que lui demandait la Russie.

Construire un nouvel ordre mondial
Si Xi et Poutine ont toujours attaché une grande importance à afficher la proximité de leurs deux nations au fil des ans – et leur sympathie personnelle parallèlement à leur statut d’hommes d’Etat – les deux jours qu’ils ont passés ensemble cette semaine marquent une réaffirmation publique importante de leur engagement commun en faveur de ce «monde multipolaire plus juste et plus démocratique» évoqué ce jeudi par Poutine.
Leur prise de position se résume donc ainsi:
«Nous sommes venus vous annoncer que nous avions commencé à construire un nouvel ordre mondial. Nous sommes engagés dans ce projet. Ensemble, avec d’autres, nous y parviendrons.»
    Deuxièmement, et dans le même ordre d’idées, examinons la déclaration commune du 16 mai avec un peu de recul.
Outre ce qu’elle contient, qu’est-ce qui brille par son absence? L’Occident, qui n’est mentionné nulle part. Le ton est étonnamment sûr de lui et entièrement autoréférentiel.
    Je pense qu’ils n’auraient pas pu montrer plus clairement que le nouvel ordre mondial actuellement en cours de formation est une initiative entièrement portée par le monde non-occidental – autre façon de rendre évident que «la construction d’un monde en transformation» – qu’il l’approuve ou non, qu’il veuille participer à sa construction ou non – n’y joue plus de rôle décisif.
    Au tout début de cette année, Sergueï Lavrov a donné une conférence de presse qui, même s’il était difficile de le prévoir à l’époque, était dans le fond comme un préalable du sommet sino-russe qui vient de s’achever.
Tout en faisant le point sur les relations extérieures de la Russie au début de l’année 2024 et en dressant la liste du «cercle des intimes» de Moscou – toutes des nations non-occidentales, dont nombreuses traditionnellement alignées sur les Etats-Unis – Mr. Lavrov a annoncé l’intention de Moscou «d’éliminer toute dépendance à l’égard de l’Occident». Ce sont là exactement les termes employés par l’agence TASS, et non par moi, bien qu’à l’époque j’aie commenté, également ici même, les propos de Lavrov.
    J’y ai aussi cité un scientifique expert de la Russie et de l’Eurasie, Gordon Hahn, qui a analysé avec perspicacité la teneur des documents de cette conférence de presse. Les propos de Hahn, publié dans une séquence de The Duran dans sonwebcast quotidienproduit à Londres, valent la peine d’être reproduits dans ce contexte:
«Pour la Russie, il semble que l’Occident ne soit plus son «alter ego» [son double, mais «autrement», ndtr.][…] La Russie s’est toujours identifiée, fait animer et positionner par rapport à l’Europe. Aujourd’hui, Poutine s’en détourne. Il a déclaré qu’à présent il ne fallait plus se définir ni se voir au travers du prisme européen, mais le faire de manière indépendante. Pour l’instant, on mise tout sur l’Eurasie […] et cette relation bilatérale étroite, où l’Europe est l’Alter ego de la Russie, est en train de parvenir à son terme[…]
Les déclarations communes mentionnées par Xi – Reuters a rapporté jeudi que les deux Chefs d’Etats avaient signé un document de 7000 mots – ne sont pas encore disponibles sur kremlin.ru ou fmprc.org (où sont habituellement publiés ce genre de textes.) En attendant, on a déjà constaté que Xi Jinping et Vladimir Poutine ont l’intention ferme de continuer à œuvrer à ce que le 21e siècle soit celui d’un nouvel ordre mondial.


   Autre point important, la date choisie pour ce sommet: elle marque le 75e anniversaire des relations diplomatiques sino-russes. L’Union Soviétique a été le premier pays à nouer des liens officiels avec la Chine après que Mao ait instauré la République Populaire de Chine, ayant conquis Pékin le 1er octobre 1949. Dès le 2 octobre, l’Union soviétique a reconnu officiellement la RPC.
 En se référant à cet événement, Xi et Poutine veulent clairement intégrer le poids de l’histoire de leurs rapports, occasionellement tendus, sur leur partenariat. Ce qu’ils disent également par là, c’est qu’il ne s’agira en rien d’un éphémère partenariat de complaisance.

Autonomie
Plus concrètement, l’administration Biden a dépêché en Chine, ces derniers mois, toute une série de messagers, tous chargés de la convaincre d’adhérer à une liste de plus en plus longue de sanctions, de contrôles des exportations et de droits de douane destinés à ralentir ou perturber son développement économique.
    Plus récemment, lors d’une visite de trois jours à Pékin à la fin du mois dernier, le secrétaire d’Etat Blinken a menacé la Chine de «conséquences» – c’est fou à quel point ils sont ivres à prendre des poses menaçantes à Washington – s’il ne cessait pas de fournir à la Russie des produits à «double usage» – des semi-conducteurs, des composants industriels à technologie de pointe et d’autres qui, selon les Etats-Unis, s’appliqueraient à des applications militaires.


    L’accueil extrêmement chaleureux que Xi vient de réserver à Poutine n’est rien d’autre qu’une riposte énergique, sur le plan diplomatique qui aime ses messages symboliques, à ces menaces et tentatives de coercition. S’agit-il d’une rebuffade, d’un direct dans l’œil? On pourrait le croire, mais l’interpréter ainsi serait erroné. En accueillant le dirigeant russe, la pire bête noire qu’aient hanté les Etats-Unis dans toute la période de l’après-guerre, Xi n’a fait qu’afficher son indifférence à l’égard des faucons politiques de Washington et de ses satellites transatlantiques.
    Par ailleurs, si Poutine entend rompre la dépendance de la Russie à l’égard de l’Occident, comme l’a bien dit TASS au début de l’année, Xi semble s’engager dans une variante de la même position.
Les relations de la Chine avec l’Occident sont bien sûr plus denses et plus complexes, car l’Amérique et les Européens dépendent davantage de la production économique et des investissements chinois. Mais Xi et Poutine partagent la même compréhension de la transformation historique en cours, bien au-delà de Blinken et du reste du gouvernement Biden. Les deux dirigeants ont fait savoir cette semaine qu’ils étaient convaincus que le dynamisme définissant notre nouvelle ère sur les plans économique, diplomatique, voire philosophiquene réside plus dans le monde atlantique.


    Ils se sont donc attelés à la tâche cette semaine.
    Il y a deux ans et quelques mois, à la veille des Jeux olympiques d’hiver à Beijing, Poutine et Xi ont spectaculairement dévoilé leur «Déclaration commune sur l’avènement d’une ère nouvelle pour les relations internationales et le développement durable mondial».
Il s’agissait d’une sorte de déclaration d’intention en 5500 mots. Les deux dirigeants y présentèrent une analyse de la géopolitique mondiale et du désordre qui, à cette époque comme à présent, menaçait de s’emparer du monde. Tournés vers l’avenir, ils ont déclaré qu’un «nouvel ordre mondial» – ce qui rendait l’expression officielle – était l’impératif le plus pressant pour la planète. Je persiste à considérer la «déclaration commune», comme je l’ai fait à l’époque, en tant que document politique d’importance séculaire.


    Le dernier sommet Poutine-Xi témoigne d’un réengagement significatif en faveur des principes énoncés dans la déclaration du 4 février 2022. Les deux hommes ont à nouveau évoqué leur volonté de reconstruire «un système de relations internationales centré sur l’ONU et un ordre international fondé sur le droit international», comme l’a déclaré Xi. Ce dernier a détaillé ses vues de la sorte:
Il constate que Poutine et lui ont coordonné leurs positions au sein de plateformes multilatérales, telles que les Nations unies, l’APEC [le Forum de Coopération Economique Asie-Pacifique] et le G20 [le groupe des 20 pays avancés et à revenu intermédiaire] afin de promouvoir l’émergence d’un monde multipolaire et d’une mondialisation économique fondée sur un véritable multilatéralisme.»
Il s’agit du quatrième des cinq principes énumérés par Xi dans ses remarques aux médias. Il en mentionne le dernier en ces termes:
«Le cinquième principe concerne la nécessité, dans l’intérêt de la sincérité et de l’équité, de parvenir à un règlement au niveau politique des foyers d’agitation. Le monde d’aujourd’hui est toujours marqué par la mentalité de la guerre froide. Les aspirations à l’hégémonie unilatérale, à la confrontation entre blocs et à la politique de puissance constituent une menace directe pour la paix et la sécurité de tous les pays du monde.»
Hégémonie unilatérale, confrontation par blocs: tous ceux ayant suivi, ces derniers temps, les déclarations publiques des hauts fonctionnaires chinois, notamment de Xi et du Ministre des affaires étrangères Wang Yi, connaissent bien cette terminologie. J’ai d’ailleurs noté avec satisfaction qu’un article publié le 16 mai par le Conseil d’Etat de la RPC citait les cinq principes formulés par Zhou Enlai au milieu des années 1950 pour définir la politique étrangère de la Chine. Selon moi, les cinq principes de Xi sont une version modernisée de ceux de Zhou.

 Les principes de Zhou, adoptés par le mouvement des non-alignés lors de la célèbre conférence organisée par Sukarno à Bandung en 1955, se résument en quelques mots:
  • respect de la souveraineté d’autrui,
  • respect de l’intégrité territoriale,
  • non-ingérence dans les affaires intérieures d’autrui,
  • engagement à agir dans l’intérêt mutuel
  • et engagement à la coexistence pacifique.
Harbin

J’ai décelé ces éléments en filigrane dans les communiqués sino-russes depuis que les deux parties ont publié, il y a deux ans, la «déclaration commune». Ils sont désormais réaffirmés officiellement. Il ne serait pas mauvais qu’ils soient adoptés par les partisans d’un nouvel ordre mondial, comme cela avait été le cas pour le Mouvement des pays non alignés, dont on fêtera les 70 ans l’année prochaine.
    A cet égard, il convient de souligner un point important:
    • ni Xi, ni Poutine ne se conçoivent en «alignés» contre les Etats-Unis ou leurs alliés transatlantiques.
    • Ni Xi, ni Poutine ne s’opposent à la coopération avec les Etats-Unis ou le reste de l’Occident, dans la mesure où ils se joignent aux autres pour construire un nouvel ordre.
    • Voir perpétuellement la Chine et la Russie comme de dangereux ennemis, en particulier pour les Etats-Unis, n’est rien d’autre qu’une invention des fonctionnaires américains et de ceux qui leur sont inféodés. «L’axe Chine-Russie préfigure un avenir inquiétant» titrait le Center for European Policy Analysis (CEPA) dans un article publié à la veille du sommet Poutine-Xi.
    • Le CEPA est, il est vrai, l’un de ces groupes de la société civile de Washington, néolibéral jusqu’au bout des ongles, qui ne précise pas les sources de son financement tout en se prononçant entièrement en faveur des «affrontements entre bloc». Mais son point de vue sur les relations sino-russes est typique de ce que nous avons lu cette semaine dans les médias grand public.

Refus du pouvoir hégémonique
«Poutine et Xi ont annoncé l’avènement d’une nouvelle ère et condamné les Etats-Unis» a rapporté l’agence Reuters le 15 mai.
Le New York Times a rapporté le même jour que «Xi considère la Russie comme un contrepoids important dans la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis» y ajoutant que «les deux dirigeants sont censés présenter un front uni. Mais ils ont des agendas différents.»
    D’où tirent-ils ces propos niais? Personne n’a condamné les Etats-Unis à Pékin cette semaine.
Est-il question d’unité sino-russe à ce stade? Pouvez-vous trouver des «agendas divergents» dans tout ce qui est sorti du sommet jusqu’à présent?
Moi non. Il s’agit là d’inventions occidentales destinées à entretenir l’impression largement répandue que la Russie et la Chine sont des adversaires malveillants, tout en occultant le fait très important que le seul point sur lequel s’opposent la Chine et la Russie lorsqu’elles se tournent vers l’Ouest, c’est son insistance sur sa position hégémonique.

Coopération stratégique
Les sommets dont Poutine et Xi sont manifestement friands ont tendance à être hautement «conceptuels», comme on dit à Hollywood. Mais c’est ce qu’ils doivent être. Nous traversons un moment d’une ampleur historique. Nous assistons à un immense changement dans le pouvoir mondial – du moins dans la mesure où ceux qui prétendent diriger l’Occident et leurs préposés aux médias ne parviennent plus à nous masquer cette réalité.
    Mais alors que la Chine et la Russie approfondissent et élargissent leurs relations – la «coopération stratégique», une expression utilisée à maintes reprises cette semaine, est nouvelle dans le lexique bilatéral – il est impossible de ne pas remarquer la densité substantielle de leurs relations.
    Comme les deux parties l’ont noté avec enthousiasme cette semaine, le commerce bilatéral a atteint les 240 milliards de dollars l’année dernière, soit 40 milliards de dollars de plus que l’objectif annoncé.
Au cours des deux premiers mois de cette année, les échanges bilatéraux ont atteint 37 milliards de dollars, selon un rapport de Business Insider publié en mars, ce qui laisse présager un total de 222 milliards de dollars en 2024, soit un peu moins que le chiffre de cette année. Mais les statistiques commerciales ont tendance à fluctuer d’un mois à l’autre.
Les douanes chinoises ont fait état d’échanges commerciaux à hauteur de 76 milliards de dollars au cours des quatre premiers mois de l’année, alors que les prévisions pour 2025 tablaient sur 300 milliards de dollars, soit une augmentation de 25% en deux ans.
    Toute aussi importante que leur volume ou leur valeur est la devise dans laquelle les échanges sont effectués. Voilà des années que la Chine souhaite internationaliser le yuan, et la guerre de la Russie en Ukraine lui a donné un sérieux coup de pouce. Près d’un quart des importations russes sont désormais réglées en yuans, contre 4 % il y a quelques années.
Nous ne sommes donc pas surpris d’apprendre que le yuan a dépassé le dollar l’année dernière en tant que devise la plus négociée sur le marché des devises de Moscou.
    Il s’agit de pétrole, de gaz, de minéraux et d’autres ressources en provenance de l’est, de la Russie vers la Chine, et de produits manufacturés et de technologies en provenance de l’ouest, de la Chine vers la Russie. Il s’agit donc de pipelines et de camions-citernes dans un sens, et de fret ferroviaire dans l’autre. Bloomberg a indiqué en mars que la Russie consacrait de gros moyens à l’amélioration de ses liaisons ferroviaires avec les centres industriels chinois, ce qui n’est pas non plus une surprise. Cela montre combien les relations économiques se densifient alors même que nous en parlons.

    Collaboration en matière de recherche sur l’énergie nucléaire, de recherche liée à la défense et de recherche en haute technologie – rares sont les secteurs économiques que Pékin et Moscou laissent de côté.
Mais ce qui m’intéresse le plus, ce sont les avancées dans les moindres recoins de l’économie chinoise, que ce soit les petites entreprises ou les fabricants de médicaments chinois désireux de voir ce qui se passe sur le marché russe. Il s’agit de relations interpersonnelles et, pour autant que je puisse en juger, les dirigeants russes et chinois les considèrent comme importantes pour la densification durable et à long terme des relations.
    C’est une des raison en plus pour lesquelles Xi a invité Poutine à Harbin pour le deuxième jour de leur sommet. Harbin est l’une des villes les plus intéressantes de Chine.


Les Russes ont construit cette ville moderne après avoir achevé la construction d’une ligne de chemin de fer dans le nord-est de la Chine, au cours des premières années du siècle dernier.
Son architecture reste un mélange cosmopolite d’influences russes, européennes et chinoises. Si Xi et Poutine voulaient montrer la profondeur et l’intimité des relations sino-russes – en somme leur nature organique – ils n’auraient pu faire mieux que de se promener dans Harbin comme un couple de promeneurs complices, posant pour les caméras, comme ils l’ont fait ce vendredi.
    Il faudra encore accomplir un long chemin au travers du XXIe siècle avant que la Russie, la Chine et le reste des pays non occidentaux ne parviennent au nouvel ordre mondial préconisé par ces nations. Mais ils y parviendront. Des étapes importantes ont été franchies à Pékin et à Harbin cette semaine-là. C’est ainsi que tourne la roue de l’histoire.
Première sortie: Scheerpost du 18 mai 2024 (Traduction de l’anglais Horizons et débats)

* Patrick Lawrence, correspondant de longue date à l’étranger, notamment pour l’«International Herald Tribune», est chroniqueur, essayiste, auteur et conférencier. Titre de son dernier livre: «Time No Longer: Americans after the American century». Yale 2013. Sur Twitter, Lawrence était accessible sous @thefloutist avant d’être censuré sans commentaire. Patrick Lawrence est accessible sur son site web: patricklawrence.us. Soutenez son travail en consultant patreon.com/thefloutist.

VOIR

https://sansapriori.net/2024/05/18/6105-russie-v-poutine-le-16-mai-24-en-chine-voir-xi-jinping/

https://sansapriori.net/2024/05/18/6106-russie-v-poutine-en-chine-a-harbin-le-17-mai-24-rencontres-visite-discours/


https://www.zeit-fragen.ch/fr/archives/2024/nr-11-28-mai-2024/putin-und-xi-in-peking-schritte-ins-21-jahrhundert


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