sur la Syrie & la France
24.11.2015 Nadia Lousi sur les guerres du Moyen-Orient :
La SYRIE et La France
Bachar Al-Assad Président honni. Et pourtant… retour sur le passé.
En 1984, bien que réservé sur certaines méthodes expéditives d’ Hafez Al-Assad (père de Bachar), François Mitterrand, se rend en Syrie. La France entretient de cordiales relations avec la famille Assad.
Plus tard en 1990, la Syrie devient l’allié des États-Unis dans la guerre du Golfe, aucune capitale occidentale ne conteste le régime syrien.
En 1999, Jacques Chirac, reçoit à l’Élysée Bachar Al-Assad. En 2000, Bachar el-Assad, succède à son père Hafez. Le président français, seul chef d’État occidental, vient à Damas pour assister aux funérailles d’Hafez Al-Assad.
En 2001, suite aux attentats du 11 septembre, le Président George W. Bush entreprend une étroite coopération avec Bachar el-Assad. La traque d’Al-Qaïda efface toute hostilité. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis…
En 2004, la présence militaire syrienne au Liban et l’élection du Président Émile Lahoud à Beyrouth déplaisent à Jacques Chirac. Il rompe ses liens avec la Syrie.
Vint l’année 2007, le président Nicolas Sarkozy après quelques soubresauts diplomatiques, renoue de plus belle avec Bachar Al-Assad. En 2008, N. Sarkozy l’invite à Paris au lancement de l’Union pour la Méditerranée (UPM). A noter, Rama Yade, secrétaire d’Etat chargé des Droits de L’homme, déclare : « c’est une main tendue » et « une chance pour la paix ».
Pour sa part, François Hollande, Chef d’État actuel et 1er secrétaire du Parti socialiste de l’époque, déclare : « l’invitation du président Assad pour le sommet de l’UPM est une « bonne chose »….. Le lendemain, le Président syrien assiste au défilé du 14 juillet dans la tribune officielle. François Hollande commente « C’est une source de polémique » mais n’envisage pas de manifestation contre cette présence. Aujourd’hui, les partis LR et PS ont oublié cette période…
Nous voici en 2010, le « fameux » Printemps Arabe émerge au Moyen-Orient. Tunisie, Égypte, Libye, Syrie sont le théâtre de révolution. A ce jour, on mesure les résultats déplorables, à l’exception incertaine de la Tunisie. Les autocrates chassés sont remplacés par d’autres autocrates, ou par le chaos. Autre conséquence, d’importants dépôts de matériels militaires provenant des pays « tyranniques », Irak, Libye, Syrie sont utilisés par les combattants djihadistes. Belle réussite !
Plusieurs pays occidentaux soutiennent ces mouvements de révolte au titre de la « liberté démocratique », laquelle ? Celle du monde chrétien, celle des puissantes multinationales ? La sinistre intervention des États-Unis de 2003 en Irak n’a pas servi de leçon ! La méconnaissance culturelle et sociologique des sociétés musulmanes est patente. L’histoire démontrera probablement leur erreur.
La Syrie n’échappe pas à cette analyse. Au départ, la rébellion offre un visage d’espoir. Mais le contexte reste dissimulé ; Fin 2009, un projet Iranien de gazoduc « appelé Gazoduc Chiite », traversant l’Irak et la Syrie, est en préparation. Il vient concurrencer celui imaginé par le Qatar sunnite à destination de l’Europe. Le Président Bachar Al-Assad, apparenté chiite, refuse ce second projet et milite en faveur de celui préparé par l’Iran. En réaction, dès 2012, les qataris décident d’aider l’opposition politique syrienne en lui fournissant armes et conseillers. Hélas, la constitution des groupes rebelles, comprenant une branche djihadiste, donnera naissance au Front Al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda.
Aujourd’hui, cet important groupe terroriste, le plus efficace combattant opposé à Bachar Al-Assad, est toujours soutenu par le Qatar. Mais aussi par l’Arabie Saoudite et la Turquie, tous sunnites et principaux clients de l’armement US.
Peu de commentaires des capitales occidentales sur le sujet. Pourquoi ?
Sous prétexte de combattre « le despote syrien », François Hollande fourni des armes à l’Armée syrienne libre (ASL), autre groupe rebelle occidentalisé, aidé également par le Qatar. Seulement voilà, l’ALS ne tarde pas à être grignoté par le Front djadiste Al-Nostra. En effet, un grand nombre de ses combattants se rallient, avec armes et bagages, au Front djihadiste. Alors, pour quelle raison le Président français a-t- il soutenu ce mouvement, et continue de l’aider ? La préservation de l’excellent commerce extérieur avec le Qatar (observé actuellement) ? La posture de grand guerrier, décrite ci-après ? Ou bien encore, l’alliance de la Syrie avec Moscou datant de la guerre froide ? Les trois semble-t-il….
En Août 2013, l’emploi d’armes chimiques est constaté. Selon les US et la France, il est attribué à Bachar Al-Assad. François Hollande, dont la côte de popularité est la plus faible jamais enregistrée, pense que l’occasion est propice. Il souhaite renverser l’opinion française à son profit. Le Président français prend la posture de Chef de guerre. Il veut intervenir militairement en Syrie. However, Washington refuse sèchement ainsi que Londres. Selon plusieurs conseillers de la Maison Blanche, la raison tient à son attitude de « va-t-en guerre ». Second motif, les États-Unis menaient une négociation secrète avec l’Iran, allié de la Syrie Chiite, sur le dossier nucléaire iranien, alors pas de télescopage… Sur ce dernier point, François Hollande s’apercevra plus tard qu’il a mal joué sur le terrain diplomatique.
En août 2014, les États-Unis lancent les premières frappes aériennes contre Daech en Irak, un monstre créé par eux-mêmes. La France rejoint la coalition hétéroclite (voir mes précédents écrits).
En Syrie, Bachar El-Assad doit faire face à deux adversaires. D’un côté, la rébellion armée, à majorité djihadiste, de l’autre, les combattants fanatiques de l’État islamiste. Très vite étouffé, Damas ne peut faire face. Daech conquiert la moitié du territoire Syrien. Les occidentaux laissent faire avant de s’inquiéter. Washington comprend le danger des islamistes radicaux en Syrie. Il fait fi des conseils des pays « alliés », l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie, etc… Lesquels visaient Bachar El-Assad en priorité. A l’automne 2014, la machine de guerre américaine intervient en Syrie.
François Hollande, prenant en compte l’insistance de Laurent Fabius, refuse de se joindre à cette nouvelle expédition. Nous ne favoriserons pas le régime de Bachar El-Assad, jurent-ils… Des voies contraires s’élèvent, celles d’Hubert Védrine, Yves Aubin de La Messuzière, Marc Trévidic, etc… Tous jugent que « La France n’a pas de véritable vision ». Certains sont satisfaits pour d’autres raisons ; les États-Unis sont seuls responsables (Irak-2003), l’éradication de Daech leur appartient. Pierre Chevènement déclare : « « La Syrie est un pays plongé dans une guerre civile inspirée et alimentée de l’extérieur ».
En septembre 2015, Après maintes hésitations, le Chef d’État français renverse sa position initiale. Contrairement aux Britanniques et aux allemands qui ne s’engageront pas (échaudé par la guerre du Golfe), les premiers raids aériens français prennent part en Syrie. Pourquoi ? Certains pensent que la France continue d’être l’auxiliaire des États-Unis. C’est en partie vrai. La Syrie sert de base arrière aux djiadistes européens, c’est en partie exact. Mais la raison principale repose surtout sur la crainte d’être isolé sur le plan international. En effet, François Hollande, en pointe contre l’intervention imminente de l’aviation Russe, sait que le vent de l’Est va changer la donne au Moyen-Orient
Cependant, 4 ans après la naissance de la rébellion contre Bachar Al-Assad, la guerre a dévasté l’État Syrien. Près de 200 000 victimes sont dénombrées. Aujourd’hui, on attribue les attentats de Paris aux seuls djadistes syriens, ordonnateurs ou exécutants. Qui est responsable de cette tragédie, quelles sont les causes ? Est-ce toujours le Président syrien ? Hélas, peu ou pas, d’analyse dans une grande partie de la presse occidentale, encore moins en France. Quant à la solution politique à venir en Syrie? Sujet à ne pas aborder…
*Mes prochains écrits seront consacrés à l’intervention Russe en Syrie.
Дружественный (Amicalement)
Nadia Lousi
