6189 – «Si nous ne voulons pas que la guerre nous rattrape, nous devons l’arrêter, maintenant!» – Par Victor Orban – N°12 du 18.06.24 – Horizons & Débats


Par Victor Orban – N°12 du 18.06.24 – Horizons & Débats


Discours de Victor Orbán, Premier ministre de Hongrie (extraits)*

 Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, s’adresse à des partisans du Fidesz et du Parti chrétien-démocrate à Budapest (Hongrie), le 1er juin 2024. (ARPAD KURUCZ / ANADOLU / AFP)


Le 1er juin 2024, Budapest a été le théâtre de la plus grande manifestation pour la paix en Europe depuis des années. Selon une estimation minutieuse, plus d’un million et demi de participants se sont rassemblés dans le quartier du gouvernement de la capitale hongroise. La manifestation comprenait la marche pour la paix à travers Budapest et un rassemblement avec le discours de Viktor Orbán, Premier ministre hongrois. Les médias des autres pays de l’OTAN et de l’UE n’ont, à de très rares exceptions près, pas rendu compte de cette manifestation ni du contenu du discours du Premier ministre hongrois.
(photos MTI/Zsolt Czeglédi; MTI/Balogh Zoltán)


Discours de Victor Orbán, Premier ministre de Hongrie (extraits)*

Mesdames et Messieurs! Hongrois pacifiques du monde entier, de part et d’autre des frontières!
Salutations à tous. Nous saluons et demandons la bénédiction de Dieu en particulier pour les Hongrois de Transcarpatie. Pour ces Hongrois de Transcarpatie qui, depuis deux ans, attendent la fin de la guerre à l’ombre de ses atrocités, privés de leurs droits et livrés à eux-mêmes. Nous vous souhaitons de la persévérance, nous sommes avec vous, nous pensons à vous et nous vous encourageons: le jour n’est pas loin où votre destin changera pour le mieux. Et nous saluons également Robert Fico – Premier ministre slovaque favorable à la paix. Robert Fico a été attaqué parce qu’il était du côté de la paix. Il a failli donner sa vie pour la paix. Mais il est fait de bois dur, il n’appartient pas à ce genre de personnes qui se laisse éliminer. Il reviendra parmi nous, et la Slovaquie continuera à lutter pour la paix aux côtés de la Hongrie. Nous attendons ton retour, Robert, guéris le plus vite possible. […]
    Nous allons devoir réunir tous nos efforts, car la tâche qui nous attend est d’une ampleur que nous n’avons jamais vue auparavant. Il faut empêcher l’Europe de courir à la guerre, à sa propre perte.
Mes amis!

Aujourd’hui, l’Europe se prépare à entrer en guerre.
  • Chaque jour, ils annoncent l’ouverture d’une nouvelle étape sur le chemin de l’enfer.
  • Chaque jour, ils nous rabâchent que des centaines de milliards d’euros sont destinés à l’Ukraine, au déploiement d’armes nucléaires au cœur de l’Europe, à l’enrôlement de nos fils dans une armée étrangère, à une mission de l’OTAN en Ukraine, à l’envoi d’unités militaires européennes en Ukraine.
Il semble que le train de la guerre n’ait pas de freins et que le conducteur de la locomotive soit devenu fou. […] Nous devons tirer le frein d’urgence pour qu’au moins ceux qui le veulent puissent descendre et rester en dehors de la guerre. […] Nous ne permettrons pas […] que nos enfants et petits-enfants soient embarqués sur le front ukrainien. Stop à la guerre! […]
Mes amis!
Nous sommes le seul gouvernement de l’UE favorable à la paix.
Le Vatican est également du côté de la paix, mais il représente un empire qui n’est pas de ce monde, et dans une Europe désabusée, cela tout seul ne suffira pas à arrêter le train frénétique des va-t-en-guerre.
Le poids et l’influence des forces politiques du côté de la paix sont nécessaires. […]


    Les partisans de la guerre ont fait fi du bon sens.
Les partisans de la guerre sont comme ivres. Ils veulent vaincre la Russie, comme ils ont essayé de le faire pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Ils sont même prêts à s’attaquer à tout l’Est.
Ils pensent qu’ils vont gagner cette guerre. Mais l’ivresse de la guerre est comme une drogue: ceux qui y succombent ne se considèrent responsables de rien. Ils n’écoutent personne. Ils vous marchent dessus. Ils n’éprouvent aucun remords. Nous ne sommes pas importants pour eux, ni toi, ni ta vie, ni ta famille, ni la maison pour laquelle tu as travaillé, ni l’avenir pour lequel tu travailles chaque jour. L’avenir de tes enfants ne les intéresse pas. Et il est impossible de les convaincre.
Et c’est pourquoi nous ne devons pas les convaincre, mais les vaincre [dans les urnes de la votation].1

Mesdames et Messieurs! Chers amis!
Les pères fondateurs de l’Union européenne avaient raison: l’Europe ne peut pas survivre à une autre guerre.
C’est la raison de la création de l’Union européenne. Avant la Première Guerre mondiale, l’Europe était le maître du monde. Après la Seconde Guerre mondiale, elle n’était plus maîtresse d’elle-même et était occupée par des empires étrangers à l’Ouest et à l’Est. Aujourd’hui, nous jouons les seconds violons. Au train où vont les choses, après une nouvelle guerre, l’Europe ne jouera même plus dans l’orchestre qui rythme le monde, si tant est qu’il y ait un orchestre.
    C’est d’autant plus vrai pour la Hongrie: dans une guerre, nous n’avons rien à gagner, mais tout à perdre. Par le passé, nous avons été entraînés dans une guerre contre notre gré et nous avons perdu. Et il en serait de même aujourd’hui, en 2024. Pendant la Première Guerre mondiale, nous avons perdu les deux tiers du pays. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la puissante armée hongroise a été anéantie sur sol étranger. Il n’y avait plus personne pour défendre notre patrie, notre pays, nos femmes et nos enfants. Nous n’avions même plus assez de force pour négocier avec les prétendus vainqueurs.
    Au cours des deux guerres mondiales, nous, les Hongrois, avons perdu un million et demi de personnes et, avec elles, leurs futurs enfants et petits-enfants.
Comme notre pays serait fort s’ils avaient survécu! Et maintenant, on attend encore de nous la participation à une nouvelle guerre. Je le dis lentement, pour qu’on le comprenne aussi à Bruxelles:
Nous n’irons pas à la guerre.
Nous n’irons pas pour la troisième fois à l’Est, nous n’irons pas à nouveau sur le front russe, nous y sommes déjà allés, nous n’avons rien à y faire.
Nous ne sacrifierons pas la jeunesse hongroise pour que les spéculateurs de guerre puissent s’enrichir jusqu’à la dernière goutte.
Nous disons non au plan de guerre concocté pour l’argent, pour la richesse à acquérir en Ukraine et pour les grandes puissances.
C’est un vieux plan, et nous le connaissons bien. Il y a trente ans déjà, George Soros a présenté en détail son propre scénario de renversement, selon lequel la Russie pourrait être vaincue par la technologie occidentale et l’utilisation de la main-d’œuvre d’Europe de l’Est. Et les vies perdues seraient ensuite remplacées par des migrants. […]

    Aujourd’hui, les partisans de la guerre sont majoritaires parmi les dirigeants.
Mais ce n’est pas la première fois que nous, les Hongrois, sommes confrontés à la menace d’une violence écrasante. Nous avons appris que les batailles ne se gagnent pas dans l’espace, mais dans le temps.
Il faut toujours gagner du temps. Gagner du temps, c’est aussi gagner la paix. Nous avons dû survivre à de nombreuses guerres depuis la Conquête, et nous sommes toujours là. Nous sommes bien là. […]
Hungary’s Prime Minister Viktor Orban arrives ahead of a G7 summit in Brussels on March 24, 2022. (Photo by Aris Oikonomou / AFP)

Mesdames et Messieurs!
La Hongrie est aujourd’hui plus forte qu’elle ne l’a jamais été au cours des cent dernières années. Un îlot de calme et de force au milieu de l’Europe. Cette réussite est due au double principe de la coopération interne et de notre union face à l’extérieur. Le secret de notre réussite réside là. C’est grâce à cette devise vigoureuse que nous vivons en paix aujourd’hui encore. Mais une autre question décisive frappe déjà à notre porte, non pas discrètement mais à coups de poing:
Allons-nous donc renoncer à la paix?
Renoncer à la paix c’est mourir pour l’Ukraine.
Est-ce dans notre volonté de verser du sang hongrois pour l’Ukraine?
Non, cela n’entre pas dans nos aspirations!
Nous ne participerons pas à cette guerre, nous ne sommes pas volontaires pour mourir sur un sol étranger, pour le profit d’autrui.
Elle est là, la vérité, notre vérité, la vérité des Hongrois. Et maintenant, c’est à nous, si Dieu le permet, de transformer la justice des Hongrois en justice envers l’Europe.

Chers amis! Chers participants à cette marche pour la paix!
L’Europe n’a encore jamais connu une élection comme celle qui s’approche. Le jour des élections, on entend les canons qui tirent tout près. Les grandes guerres ne tombent pas du ciel. Crise économique, pénurie de matières premières, course aux armements, épidémies, faux prophètes, attentats – tout cela dessine des ombres sinistres autour de nous. C’est ainsi que tout commence. Il y a eu sur nos terres des générations – nos grands-parents et arrière-grands-parents – dont les pires cauchemars sont devenus réalité. Nous guettons les signes avant-coureurs. Nous reconnaissons l’écriture flamboyante apparaissant sur nos murs. Ce n’est pas aux Hongrois qu’on apprendra ce qu’est vraiment la guerre.
Nous avons éprouvé dans notre chair le fait que les guerres se terminent toujours différemment de ce que l’on croyait au départ.
C’est à cause de cette vérité que des millions de jeunes Européens gisent aujourd’hui dans des fosses communes. […] La guerre tue. L’un meurt avec une arme à la main. L’autre meurt en fuyant. Certains meurent sous les bombardements, d’autres dans les prisons de l’ennemi, d’autres encore dans une épidémie. Ensuite il y a ceux qui meurent de faim. Certains sont torturés. Certaines sont violées. Certains sont emmenés comme esclaves. Les tombes sont alignées en innombrables rangées. Des mères pleurent leurs fils. Des femmes pleurent leurs maris. Tant de vies perdues. Nous le savons bien: Là où la guerre s’installe, il n’y a pas d’échappatoire. La guerre nous rattrapera. Tu ne peux pas l’éviter, tu ne peux pas te cacher d’elle.

Il existe un seul antidote à la guerre – c’ est la paix: nous tenir à l’écart de la guerre et faire de la Hongrie un îlot de paix. C’est là notre mission. Si nous ne voulons pas que la guerre nous rattrape, nous devons l’arrêter. Maintenant!
 Cette paix ne peut pas être gagnée par les armes. Cette guerre ne trouvera pas de solution sur le champ de bataille. Il n’y a là que la mort et les destructions. Ce qui s’impose est le cessez-le-feu suivi des négociations. […]

1 Viktor Orbán fait référence aux élections du Parlement européen du 6 au 9 juin 2024. Son discours du 1er juin s’inséra dans la campagne électorale hongroise.

Source: Original: https://miniszterelnok.hu/orban-viktor-beszede-a-bekemeneten/ ; autorisierte englische Fassung: https://miniszterelnok.hu/en/speech-by-prime-minister-victor-orban-at-the-peace-march/ 

(Traduction en allemand: https://weltwoche.ch/daily/europa-bereitet-sich-darauf-vor-in-den-krieg-zu-ziehen-viktor-orban-ueber-das-gegenmittel-gegen-den-krieg-und-die-groesste-friedensarmee-europas / du 4/06/24)

(Traduction de l’allemand Horizons et débats)


«Nous n’irons pas en guerre…»
ef. Alors que les Présidents d’État polonais, tchèques et slovènes se rendaient à Kiev pour soutenir Volodimir Zelenski, à Budapest, des centaines de milliers de citoyens pacifistes, (plus d’un million et demie selon les estimations officielles) majoritairement hongrois, ont réalisé une immense marche pour la paix, le 1er juin 2024.
Le mot d’ordre qui rassemblait les manifestants a été: «No war». Tous ces gens manifestent par leur présence qu’ils ne soutiennent pas cette guerre mais le cessez-le-feu immédiat, suivie d’honnêtes négociations de toutes les parties engagées.
Au vu des images et d’impressionnantes vidéos – il fallait vraiment les rechercher – j’ai tout de même senti mon cœur bondir. Enfin, pensais-je, pour une fois on rompt cet insupportable silence, cette paralysie.
Mais aussitôt, cette autre question s’imposait: pourquoi cela n’existe-t-il pas chez nous, pourquoi ce cri d’alerte ne résonne-t-il pas dans tous les pays?
Il est sûr que dans d’autres pays, notamment européens, nombreux sont ceux qui partagent ces sentiments. Si, à l’instar des Hongrois, ils se rassemblaient, cela constituerait une forte manifestation de volonté de paix, représentant certes la majorité des êtres humains peuplant cette planète. En témoignent les multitudes de citoyens, de Suède, des Etats baltes et d’autres pays européens qui se sont joints aux manifestants de Budapest, impressionnant soutien international de la marche pour la paix.
    Les commentaires plus ou moins hargneux des médias mainstream sur ce grand succès ne pourront faire croire qu’il ne s’agissait là que d’une simple manifestation électorale en faveur de Victor Orban et du parti Fidesz, en relation avec les élections européennes. Et alors?
«Nous ne participerons pas à cette guerre et nous n’irons pas mourir, une fois de plus, en terre étrangère pour servir d’autres intérêts», a martelé Orban lors de la manifestation finale.
    La Hongrie n’a pas livré d’armes à l’Ukraine, menaçant par contre de supprimer l’aide financière de l’UE à Kiev, ainsi que le soutien UE des sanctions à l’encontre de Moscou. Orban s’est déclaré en faveur de l’instauration rapide d’une coalition de paix qui pourrait s’étendre sur l’Occident entier jusqu’à l’océan.
Plutôt qu’une simple rhétorique électorale, on trouvera là un rappel à la tâche urgente qui se pose notamment à l’Europe comme à la majorité pacifiste de l’humanité tout entière dont aucun gouvernement belliciste prétendument défendant la démocratie et la liberté d’opinion n’a osé, jusqu’à présent, solliciter sa marche vers la guerre par un référendum. 


https://www.zeit-fragen.ch/fr/archives/2024/nr-12-11-juni-2024/wenn-wir-nicht-wollen-dass-der-krieg-uns-einholt-muessen-wir-ihn-stoppen-jetzt

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