La Commission européenne a dévoilé sa stratégie destinée à promouvoir l’hydrogène vert, produit grâce à l’électricité renouvelable. Mais durant une phase transitoire, l’UE soutiendra aussi l’hydrogène à faible teneur en carbone dérivé de combustibles fossiles.
D’ici à 2050, l’hydrogène propre pourrait répondre à 24% de la demande énergétique mondiale, avec, à la clé, des revenus annuels de l’ordre de 630 milliards d’euros. Pour l’Europe, cela pourrait se traduire par la création d’un million d’emplois dans cette chaîne de valeur de la transition énergétique.
Ce sont là quelques-unes des données figurant dans la stratégie pour l’hydrogène présentée mercredi 8 juillet par la Commission européenne. Celle-ci vise la production d’un million de tonnes d’hydrogène vert d’ici à 2024 et de 10 millions de tonnes d’ici à 2030.
Pour ce faire, il sera nécessaire de réduire le coût de production de l’hydrogène vert, fabriqué grâce à un processus d’électrolyse à partir de sources d’énergies renouvelables, telles que l’éolien ou le solaire.
À l’heure actuelle, l’hydrogène vert dispose d’une part de marché quasiment négligeable et coûte deux fois plus cher que l’hydrogène dit « gris », produit à partir de combustibles fossiles. La transition prendra donc du temps.
En attendant, « d’autres formes d’hydrogène à faible teneur en carbone sont nécessaires pour réduire rapidement les émissions et soutenir le développement d’un marché durable », a expliqué la Commission européenne. L’hydrogène dit « bleu », produit à partir du gaz naturel mais en y associant un dispositif de capture et de stockage du carbone, servira de solution transitoire.
Les trois phases
La première phase, de 2020 à 2024, doit permettre l’installation d’une capacité d’au moins 6 gigawatts d’électrolyseurs pour la production d’hydrogène renouvelable au sein de l’UE, dans l’objectif de produire jusqu’à un million de tonnes d’hydrogène renouvelable.
Lors de la deuxième phase, de 2025 à 2030, l’hydrogène devra faire partie intégrante du système énergétique intégré européen avec une capacité d’au moins 40 gigawatts d’électrolyseurs pour la production d’hydrogène renouvelable, dans le but de produire jusqu’à dix millions de tonnes d’hydrogène renouvelable.
Dans la troisième phase, de 2030 à 2050, les technologies utilisant l’hydrogène renouvelable devraient atteindre leur maturité et être déployées à grande échelle dans tous les secteurs difficiles à décarboner.
L’Alliance pour l’hydrogène propre
Pour contribuer au succès de la stratégie, la Commission a également lancé l’Alliance pour l’hydrogène propre qui, sur le modèle de l’alliance pour les batteries, rassemble les principaux acteurs du secteur, la société civile, les ministres nationaux et régionaux, ainsi que des représentants de la Banque européenne d’investissement. Le but est de créer un portefeuille d’investissements qui permette d’augmenter la production et de soutenir la demande d’hydrogène.
Parmi les entreprises concernées figure la société italienne Snam, l’une des principales entreprises mondiales d’infrastructures énergétiques, qui a récemment signé un accord avec la société française Alstom pour développer des trains à hydrogène en Italie.

Selon Thierry Breton, le commissaire chargé du marché intérieur,
« l’alliance pour l’hydrogène propre (…) permettra de canaliser les investissements vers la production d’hydrogène. Elle constituera un portefeuille de projets concrets destinés à soutenir les efforts de décarbonisation des industries européennes à forte intensité énergétique, comme celles de l’acier et des produits chimiques. Cette alliance est d’une importance stratégique pour les ambitions inscrites dans le Green Deal et pour la résilience de notre industrie », a-t-il souligné.
Une opportunité pour l’Italie
Frans Timmermans
Lors de la présentation de la stratégie à la presse, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a rappelé que l’hydrogène vert pouvait également représenter une opportunité pour la reconversion de l’aciérie anciennement nommée Ilva, située à Tarente, dans les Pouilles.
« Si nous avons un plan pour les 20 prochaines années, nous pouvons donner à Tarente [la possibilité de bâtir] un avenir vraiment durable. Cela nous aidera à maintenir le secteur de l’acier en Europe et à offrir un espace beaucoup plus propre aux citoyens de Tarente », a déclaré le commissaire néerlandais. « J’espère que le gouvernement italien verra l’intérêt qu’il y a à travailler avec nous en utilisant les ressources du Fonds pour une transition juste, ainsi que d’autres ressources. »
L’intégration du système énergétique
Bruxelles a également présenté une stratégie pour l’intégration du système énergétique, qui repose sur la mise en œuvre de 38 initiatives.
Ce modèle repose sur trois piliers :
- un système énergétique plus circulaire, axé sur l’efficacité énergétique,
- une électrification plus directe des secteurs utilisateurs
- la promotion des combustibles propres.
Kadri Simson
« Le système énergétique de l’Union doit aller vers davantage d’intégration et de flexibilité, en plus d’être en mesure d’appliquer les solutions les plus propres et les plus rentables », a souligné Kadri Simson, la commissaire à l’énergie. « Maintenant que la baisse du prix des énergies renouvelables et l’innovation continue en font une option envisageable pour [construire] une économie climatiquement neutre, l’hydrogène va jouer un rôle clé dans ce processus ».
source/https://www.euractiv.fr/section/energie/news/bruxelles-presente-sa-feuille-de-route-sur-lhydrogene/

II – L’« Alliance européenne pour l’hydrogène propre » est prête à décoller
Par : Frédéric Simon | Réseau EURACTIV
6 juil. 2020 (mis à jour: 10 juil. 2020)
Mercredi 8 juillet, la Commission présentera sa nouvelle alliance des industries de l’hydrogène. Par cette stratégie, l’UE cherche à se poser en leader mondial dans le domaine.
Dans le cadre de sa nouvelle politique industrielle, la Commission a annoncé en mars qu’elle regrouperait les institutions européennes, les gouvernements et les représentants du secteur dans une même alliance, afin de créer une chaîne de valeur complète de l’hydrogène en Europe.
« L’Alliance européenne pour l’hydrogène mettra en commun les ressources pour donner une ampleur et un impact suffisants aux efforts d’industrialisation, [afin de créer] un écosystème de l’hydrogène industriel durable au sein de l’UE », indique une ébauche de document qu’Euractiv a pu consulter.
La Commission doit présenter l’alliance mercredi 8 juillet, en même temps que ses « stratégies » politiques connexes sur l’intégration des secteurs de l’hydrogène et de l’énergie.
Le groupe rassemblera tous les acteurs du milieu, dans le but de réduire les coûts et d’accroître la compétitivité, selon le document qui pourra encore faire l’objet de modifications d’ici à mercredi.
L’hydrogène pourrait représenter la solution miracle pour décarboniser les industries, notamment celles de l’acier et des produits chimiques, pour lesquelles il est difficile de trouver des alternatives parce qu’elles nécessitent de très hautes températures pour fonctionner et ne sont pas faciles à électrifier.
Le déploiement de l’hydrogène à l’échelle industrielle doit se faire de façon systématique tout au long de la chaîne de valeur, indique la Commission dans son ébauche de texte. Cela va de la production et du transport de ce gaz, à son utilisation comme matière première dans les industries à forte intensité énergétique, ou comme carburant dans les transports, explique-t-elle.
Projets d’investissement à grande échelle
En mars, dans le cadre de sa nouvelle stratégie industrielle pour l’Europe, la Commission a déclaré que l’alliance tenterait d’« identifier les besoins technologiques, les opportunités d’investissement et les [obstacles] réglementaires ».
Selon l’ébauche de document de l’exécutif, le groupe aura notamment pour objectif de créer « une réserve de projets d’investissement à grande échelle dans le domaine de l’hydrogène propre ». Ils bénéficieront par ailleurs du statut spécial de « projet important d’intérêt européen commun » (PIIEC).
Ces projets ne dépendront donc pas de la législation habituelle de l’UE. Cela signifie que les gouvernements pourront les subventionner sans devoir respecter les règles européennes strictes en matière d’aides d’État.
De manière plus générale, la Commission a affirmé qu’elle allait revoir ses règles en matière de concurrence et de subventions publiques, afin que les entreprises européennes puissent plus facilement prospérer et concurrencer les géants industriels chinois ou américains.
Toutefois, la gestion de l’alliance fait des étincelles parmi les groupes environnementaux, qui jugent que l’UE favorise l’industrie. Ils critiquent en particulier la composition du conseil d’administration.
« C’est littéralement un bottin mondain de l’industrie du gaz », assure Tara Connolly, une activiste du domaine de l’énergie pour l’ONG Friends of the Earth Europe.
« C’est fou que la Commission remette les clés du secteur européen de l’hydrogène à l’industrie des combustibles fossiles », ajoute-t-elle. « Des entreprises comme Shell ou la Snam n’ont aucun intérêt à produire de l’hydrogène renouvelable et veulent juste un moyen d’entretenir la dépendance de l’Europe aux combustibles fossiles », soutient la militante.
L’hydrogène renouvelable au centre de l’échiquier
Dans son esquisse de projet, la Commission ne cache pas que l’industrie pilotera l’alliance.
Toutefois, l’exécutif ajoute que toutes les parties prenantes du secteur de l’hydrogène intégreront le groupe — y compris les États membres et les régions, les syndicats, les ONG, les organismes de recherche, les entreprises technologiques et la société civile.
Parmi les membres du conseil d’administration de l’alliance figurent en effet des représentants du secteur gazier issus de Shell, Gasunie et de la Snam. Mais Michelin et Daimler y sont également représentés pour le domaine des transports, ainsi que Vettenfall et EDF pour le secteur de l’électricité.
Trois autres membres représenteront aussi les organisations de la société civile. Il s’agit notamment de la Fondation européenne pour le climat, une association à but non lucratif, et IndustriAll, une organisation syndicale internationale.
« L’alliance sera construite sur les principes de coopération, d’inclusion et de transparence », a déclaré un porte-parole de la Commission à Euractiv à propos de l’administration du groupe.
Il a par ailleurs précisé que l’alliance se concentrerait « sur l’hydrogène renouvelable » et « l’hydrogène à faible teneur en carbone ». Cela permettra, selon lui, de réduire les émissions de CO2 de façon considérable par rapport à l’hydrogène d’origine fossile, de sorte que tous les projets du groupe seront tournés vers l’objectif de neutralité climatique de l’UE.
Cependant, les ONG craignent que les membres de l’industrie qui siègent au conseil d’administration ne soient confrontés à des conflits d’intérêts lorsqu’ils devront choisir les projets à financer.
Mais la Commission affirme que la structure ouverte de l’alliance et les objectifs climatiques qu’elle se fixera permettront d’éviter tout conflit potentiel. L’exécutif suivra aussi les progrès accomplis par le groupe, afin de garantir la conformité des initiatives de l’alliance aux objectifs de neutralité climatique, indique le porte-parole.
source https://www.euractiv.fr/section/energie/news/leak-european-hydrogen-alliance-ready-for-take-off/

III –Bruxelles finalise sa stratégie hydrogène 19 juin 2020
La production à grande échelle de ce vecteur énergétique pourrait créer 140 000 emplois. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.
Trois semaines avant sa publication officielle, Euractiv a diffusé, ce jeudi 18 juin, le dernier projet de stratégie européenne de l’hydrogène. Ce vecteur énergétique, indique la note de 10 pages, contribuera à accroître l’ambition climatique des 27, en facilitant la décarbonation de certains secteurs, comme l’industrie et les transports.
Le chiffre d’affaires européen de la production d’hydrogène pourrait atteindre 140 milliards d’euros en 2030, contre 2 milliards aujourd’hui. Il faudra, pour ce faire, que cette activité soit verte et compétitive. Près de 140 000 emplois pourraient être créés en Europe, en 10 ans, autour de cette activité. Voici comment la développer.
Première idée : multiplier les usages. L’hydrogène décarboné (produit par des énergies renouvelables ou nucléaire) est jugé prometteur pour l’aviation, la marine marchande, les trains, les camions, les bus. Il pourrait aussi contribuer à décarboner la production d’engrais, d’acier, de produits chimiques et de ciment. La Commission voit aussi dans l’hydrogène un bon moyen de stocker l’électricité produite par les sources intermittentes (éolien, solaire).
Seconde idée : créer des vallées de l’hydrogène, où seraient concentrés producteurs et gros consommateurs industriels. Pour faciliter l’émergence de ces clusters, Bruxelles suggère de créer des programmes thématiques : acier propre, par exemple. L’exécutif communautaire suggère l’application à l’usage industriel de l’hydrogène le concept du contrat pour différence.
Troisième idée : déployer un réseau de transport et de distribution. Ce qui pourrait offrir une nouvelle vie aux actuels gazoducs. Des investissements particuliers devront être consentis pour développer un réseau de distribution dédié aux véhicules routiers.
Quatrième idée : lancer des programmes de recherche et développement pour mettre au point certaines briques du système. À commencer par de gros électrolyseurs (de plus de 100 MW), des électrolyseurs alimentés par des éoliennes, des piles à combustibles embarquées…
Cinquième idée : réfléchir à la géopolitique de l’hydrogène. Le développement de ce vecteur risque de froisser les fournisseurs de gaz de l’Europe (Russie, Qatar). D’un autre côté, l’Europe peut sous-traiter une partie de sa production dans des pays riches en énergies renouvelables (Maroc) ou en infrastructures gazières (Ukraine, Algérie, Égypte).
source https://www.euractiv.fr/section/energie/news/bruxelles-finalise-sa-strategie-hydrogene/

IV – L’Union européenne s’intéresse à l’hydrogène 16 juin 2020
Plusieurs pays de l’Union européenne ont demandé lundi à la Commission européenne de leur présenter une feuille de route pour le développement de l’hydrogène, une source d’énergie qui intéresse le bloc pour sa transition vers une société décarbonée.
Six pays de l’UE — Pays-Bas, Autriche, Allemagne, France, Belgique, Luxembourg — ainsi que la Suisse affichent leur soutien à cette énergie, jugée respectueuse de l’environnement dans certaines conditions de production, indique une déclaration publiée lundi en amont d’une visioconférence des ministres de l’Énergie de l’UE. Ils demandent à la Commission une feuille de route avec des objectifs pour 2030 et au-delà.
Eric Wiebes
« Pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, nous devons décarboner le système énergétique. L’hydrogène propre est un vecteur énergétique indispensable à la neutralité climatique », a souligné le ministre de l’Économie et de la Politique climatique néerlandais, Eric Wiebes, dans un communiqué.
Cette déclaration suit de moins d’une semaine l’annonce par l’Allemagne d’un investissement massif dans cette technologie : 9 milliards d’euros d’argent public, avec l’ambition de devenir le « fournisseur et producteur numéro 1 » d’hydrogène au niveau mondial.
De son côté, la France a annoncé consacrer 1,5 milliard d’euros sur trois ans pour « parvenir à un avion neutre en carbone en 2035 », grâce notamment à l’hydrogène.
Durant leur réunion lundi, les ministres se sont accordés sur le fait que les technologies comme l’hydrogène issu d’énergie renouvelable et les réseaux électriques intelligents sont « de grande importance pour la création d’emplois en Europe, la compétitivité et la décarbonation », souligne un communiqué du Conseil de l’UE.
À ce titre, les 27 « attendent avec impatience » la stratégie sur l’hydrogène préparée par la Commission européenne. Elle sera publiée le 8 juillet.
la commissaire à l’Energie Kadri Simson.
La part de l’hydrogène dans le bouquet européen pourrait passer de moins de 2 % actuellement à 10 %, voire 16 % d’ici 2050, selon la commissaire à l’Energie Kadri Simson.
« Nous nous concentrerons bien sûr sur l’hydrogène produit à partir d’électricité renouvelable, mais dans la phase de transition, il peut aussi y avoir un rôle pour d’autres formes d’hydrogène à faible teneur en carbone — pour créer l’offre nécessaire à mesure que nous augmentons l’hydrogène vert », a-t-elle avancé.
L’hydrogène est considéré comme un moyen d’accompagner la transition énergétique en permettant de stocker à grande échelle de l’électricité et en servant de carburant dans les véhicules électriques, garantissant une meilleure autonomie que les batteries. Il est aujourd’hui produit essentiellement avec des énergies fossiles.
source/https://www.euractiv.fr/section/energie/news/lunion-europeenne-sinteresse-a-lhydrogene/

