1361 – Stratégies contre l’Afrique de guerre hybride

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Note Sans a priori : j’ai rajouté la carte ci-dessus nommant & situant les pays … cela pour se souvenir de leur situation …

Guerre hybride : 8. Stratégies contre l’Afrique

Introduction
Note du Saker Francophone

Nous revenons avec la longue série d’articles d’Andrew Korybko sur la Guerre hybride. Cet été, nous avons dû interrompre la série sur la Chine que nous espérons finaliser dans les mois qui viennent, nous avons aussi laissé passer le train de la Malaisie, mais nous revenons avec l’Afrique en espérant tenir le rythme d’un article par semaine. Le livre datant de 2015 et en ne sachant pas si l’auteur procède à des mises à jour, il vous appartient de mesurer ces informations à leur juste valeur.
Par Andrew Korybko – Le 4 novembre 2016 – Source OrientalReview

Le continent le plus colonisé et le plus exploité de l’histoire du monde est une fois de plus le centre de la concurrence mondiale, bien que cette fois la rivalité entre les grandes puissances ait pris une forme beaucoup plus nuancée, mais pas moins intense.

Les États-Unis, la France et leurs alliés unipolaires veulent conserver l’Afrique comme réserve exclusive de main-d’œuvre, de marché et de ressources dans un avenir prévisible, à la fois pour leur propre intérêt matériel et pour l’avantage stratégique supplémentaire de priver la Chine et d’autres de ses fruits économiques. À l’inverse, la Chine veut intégrer les économies et les populations qui connaissent la croissance la plus rapide dans l’évolution de l’ordre mondial multipolaire et leur donner une juste chance de réussir dans le système mondial.

Le contraste entre le néo-colonialisme de l’Occident et la souveraineté libératrice de la Chine ne peut être plus net et c’est cette opposition de stratégies mondiales et de modèles de développement diamétralement opposés  qui ouvre la voie à la grande bataille par procuration entre les États-Unis et la Chine sur l’Afrique.

 Tout autant que la Chine a besoin de l’Afrique pour maintenir ses taux de croissance réguliers dans un avenir prévisible et assurer sa stabilité intérieure, les États-Unis veulent casser ce lien entre l’Afrique et la Chine afin de compenser la durabilité structurelle de leur concurrent numéro un pour le leadership mondial.

Le conflit par procuration à l’échelle de l’Afrique est dû au fait que la Chine travaille ardemment à financer, construire et relier entre eux divers projets d’infrastructure afin de créer une trame supra-régionale de corridors de transport intermodaux qui pourrait compléter parfaitement la partie maritime de la route de la soie

One Belt One Road.

Les États-Unis tentent avec une égale ferveur de prendre le contrôle des nœuds clés le long de ces routes transnationales et d’en perturber stratégiquement des portions cruciales afin d’accroître la dépendance de la Chine à l’égard des zones d’influence unipolaire.

En dernier recours, cependant, les États-Unis  l’île monde – de toutes les manières  stratégiquement possibles, vont provoquer des blocages et déclencher une politique de terre brûlée, via une guerre hybride, dans le sillage de leur retrait stratégique vers leur «Forteresse d’Amérique du Nord» autosuffisante, avec en guise de dernier coup de grâce, une guerre par procuration contre la Chine.

Il est plus que probable qu’on n’arrivera jamais à ce stade dramatique où les États-Unis se retirent complètement de l’Afrique ou détruisent totalement ce continent par une guerre hybride.

De manière réaliste, il y aura sans doute, au cours des prochaines décennies, un développement mélangé de scénarios se développant sur ce théâtre, chauffé à blanc par la compétition, scénarios intégrant des éléments des deux extrêmes. Il se pourrait que la Chine réussisse à mettre en place plusieurs couloirs ultra-stratégiques de développement de la Route de la Soie en Afrique, alors que les États-Unis en saboteront probablement quelques autres en provoquant une poignée de guerres hybrides pour empêcher indéfiniment les voies existantes d’actualiser pleinement leur potentiel géo-économique. Il n’y a pas de moyen infaillible de savoir avec certitude ce que l’avenir apportera, mais il est possible d’acquérir une hypothèse bien réfléchie sur la structure et la manière systémique avec laquelle le groupe d’États identifié sera visé par les guerres hybrides provoquées par les États-Unis.

Même en tenant compte de la possibilité que certains des futurs scénarios examinés soient naturels, en ce sens qu’ils nécessitent peu ou pas de pressions extérieures pour démarrer, il est fort probable qu’au moins certaines des possibilités étudiées se produiront à des degrés divers et que les répercussions géopolitiques auront sans conteste un impact très négatif sur la Chine et la position du monde multipolaire dans cette nouvelle guerre froide.

Cette partie de l’ouvrage est organisée de la manière suivante :

  1. la première partie décrira la situation géopolitique globale de l’Afrique, mettant en évidence l’influence du régionalisme hégémonique et institutionnel (parfois superposé, d’autres fois non) sur les affaires du continent afin d’illustrer clairement les avantages préexistants et les obstacles à la nouvelle vision de la Route de la Soie chinoise.
  2. Les chapitres suivants concernant la guerre hybride africaine examineront de façon exhaustive les cinq catégories distinctes d’États, et leurs voisins pertinents, que l’auteur a déjà identifiées comme étant incorporées de manière concordante dans la thèse immédiate.
  3. Afin de rappeler au lecteur ce qui a été décrit dans la Partie III de l’Introduction du livre et d’élargir la carte paradigmatique présentée précédemment d’une manière plus structurée, la révision cartographique suivante servira désormais de point de référence pour guider la recherche au-delà de la Partie I :

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Clés

Vert – Corne de l’Afrique
Jaune Afrique de l’Est / Fédération de l’Afrique de l’Est
Bleu – Centre-Afrique australe
Noir – Ceinture d’États faillis
Rouge – Région du lac Tchad
Lignes hachurées – les pays qui seront inévitablement impliqués dans la catégorie ciblée par la déstabilisation de la guerre hybride, que ce soit comme acteur agressif, victime passive, ou un mélange des deux.

Observations schématiques

Quelques remarques doivent être faites sur la carte ci-dessus avant de commencer la première partie de la recherche sur la guerre hybride africaine.

Cône d’Afrique australe

Bien qu’il soit conceptuellement possible pour tous les États d’Afrique (ou n’importe où dans le monde, d’ailleurs) d’être touchés par la guerre hybride, en gardant l’axiome selon lequel cette méthode de guerre est plus souvent utilisée pour perturber la multi-polarité transnationale de projets d’infrastructures de connectivité et / ou de prise de contrôle de celles-ci, on peut supposer que les États susceptibles de révolutionner le plus radicalement les géopolitiques et la géo-économie du continent seront les plus ciblés.

  • Par conséquent, ils seront soumis dans l’avenir à  la plus grande probabilité de les tous types de déstabilisation par la guerre hybride.

Tout cela sera décrit en détail dans la première partie, mais pour l’instant, il suffit de savoir que les États identifiés se situent le long des chemins de la Route de la Soie construits aujourd’hui ou des projets futurs les plus probables qu’elle pourrait poursuivre pour atteindre ses grands objectifs stratégiques.

Il convient de préciser à ce stade que le cône de l’Afrique australe n’a pas été inclus dans le modèle ci-dessus parce que ses corridors économiques sont déjà relativement bien établis et utilisés depuis un certain temps par toutes sortes de grandes puissances. En outre, en ce qui concerne la connectivité mondiale de la Namibie et du Botswana via l’Afrique du Sud, et même du Zimbabwe et du Mozambique dans une certaine mesure, cela concerne essentiellement le transport unidirectionnel des ressources naturelles et moins le marché du travail et le potentiel des marchés respectifs.

  • Bien que chacun de ces pays joue un rôle déterminé vis-à-vis de l’économie chinoise, aucun d’entre eux, à l’exception de l’Afrique du Sud (le hub par lequel passent la plupart de leurs exportations, à l’exception du Mozambique) n’est assez important pour susciter une guerre hybride.

En théorie, les perturbations dans la périphérie régionale autour de l’Afrique du Sud pourraient avoir un effet stratégique en exerçant une pression sur le leadership multipolaire du pays et en ouvrant la voie à un scénario de changement de régime.

  • Cependant, étant donnée la corruption endémique de la politique sud-africaine, un coup d’État en douceur signifie que les techniques constitutionnelles et les simples révolutions de couleur (c’est-à-dire le coup d’État anti-Rousseff au Brésil) seraient utilisées dans ce cas.

En outre, les ressources des pays à la population clairsemée, comme la Namibie et le Botswana, et le marché général et le potentiel de main-d’œuvre de l’Afrique du Sud sont déjà assez intégrés dans l’économie mondiale, de sorte que de nombreuses parties prenantes unipolaires seraient également touchées par une sévère perturbation dans ou autour de leur point commun d’accès en Afrique.

On ne peut pas en dire autant du Zimbabwe et du Mozambique, l’ancien pays riche en minéraux tels que les diamants et le platine, alors que ce dernier est sur le point de devenir l’un des plus grands exportateurs de GNL (gaz naturel liquéfié) au monde; il est tout à fait possible qu’ils soient ciblés dans quelque années.

  • Mais ce serait moins lié aux projets multipolaires transnationaux d’infrastructures de connectivité avec la Chine qu’avec leurs propres potentiels autonomes dans leurs domaines respectifs, ce qui les différencierait stratégiquement des autres pays inclus dans la présente étude (même si cela ne veut pas dire que les techniques de guerre hybride ne seraient pas utilisées – elles le seraient probablement dans une large mesure).

Importance insulaire

Par rapport à ce qui précède, les pays insulaires d’Afrique n’ont pas non plus été inclus dans le panorama continental, bien qu’ils jouent également un rôle important dans son paradigme géopolitique évolutif.

  • Néanmoins, parce que ce sont des nations insulaires, elles ne sont pas directement reliées à autre chose qu’à la haute mer, alors même qu’elles peuvent avoir un statut de nœud de transit précieux pour la Chine comme composante intégrale de ses Sea Lines of Communication, directement affectées par l’étude de la guerre hybride qui a été lancée pour le continent.
  • Néanmoins, étant donné que chacune de ces nations pourrait jouer un rôle central dans l’influence des affaires continentales, si elles étaient correctement utilisées par une grande puissance partenaire, il est intéressant de commenter de façon très concise comment ces pays s’inscrivent dans l’équation stratégique plus large qui sera décrite tout au long de ce travail:

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Jaune Îles Canaries (Espagne) : Cet héritage permet à Madrid d’exercer une influence près des côtes du Maroc et du Sahara occidental, tous deux riches en poissons et en ressources énergétiques possibles.

Vert – Cabo Verde (anciennement Cap-Vert avant fin 2013) : L’ancienne colonie portugaise relie l’Atlantique du Nord à l’Atlantique Sud. Elle offre une position stratégique près de l’embouchure du fleuve Sénégal, tout en étant positionnée le long d’une importante route océanique que les États-Unis et l’UE doivent prendre pour accéder à l’Afrique de l’Ouest.

Bleu – São Tomé et Príncipe : Une autre ancienne colonie portugaise. Celle-ci est située dans les eaux riches en hydrocarbures du golfe de Guinée et à proximité immédiate du littoral de la plus grande économie de l’Afrique, le Nigeria.

Violet – Comores et le département français d’outre-mer de Mayotte : Ces deux emplacements sont presque au-dessus du bassin du Rovuma du LNG du nord du Mozambique et donc proche de ce qui deviendra probablement une grande zone d’exportation d’énergie dans un proche avenir.

Orange – Seychelles: L’ancienne chaîne d’îles colonisées par le Royaume-Uni se trouve sur la voie d’approche que l’Inde et la Chine doivent contrôler pour accéder au marché florissant de l’Afrique de l’Est. C’est pour cette raison stratégiquement concurrentielle que New Delhi a proactivement cherché à construire une base navale et à positionner certaines de ses unités militaires afin de contenir la Chine.

Sans couleur – Maurice et l’ile française de la Réunion: Ces deux zones insulaires ne sont pas directement concernées par l’ordre géopolitique de l’Afrique continentale, bien qu’elles acquièrent une importance vis-à-vis de Madagascar et du bastion étatsunien de Diego Garcia qui contrôle l’océan Indien.

Débordement des conflits trans-régionaux

L’un des aspects les plus frappants de la carte de référence est qu’elle délimite clairement les lignes de faille géopolitiques où les conflits de guerre hybride pourraient facilement devenir trans-régionaux.

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Sur toutes les zones désignées par la carte, il est très probable que des processus violents incontrôlables dans la ceinture des États défaillants de la République centrafricaine (RCA) et du Sud-Soudan seraient ceux qui se répandraient dans d’autres parties de l’Afrique, au moins en ce qui concerne les conflits du continent actuellement en cours (sans tenir compte de ceux possibles qui n’ont pas encore surgi).

  • En particulier, le chaos de la RCA pourrait se traduire par une fuite de réfugiés et de militants au Cameroun et au Tchad, ce qui pourrait conduire les gouvernements respectifs, chrétiens et musulmans, à soutenir leurs propres camps confessionnels dans la guerre civile non résolue du pays.

Le récit trompeur du Choc des civilisations, qui serait certainement poussé à dessein par les médias grand public occidentaux, sera discuté plus loin lorsque nous aborderons la ceinture d’États défaillants.

  • Mais pour le moment, il est utile de se rendre compte du potentiel d’infection trans-régionale de la RCA et des répercussions sur la région du lac Tchad.
  • En outre, les difficultés intérieures du pays pourraient se propager vers le sud, dans la partie septentrionale de l’État centre-sud de la République démocratique du Congo (RDC), ce qui représente une double menace de déstabilisation émanant de la RCA.

Le Sud-Soudan peut provoquer quelque chose de semblable à la RCA par rapport à la partie nord de la RDC, et peut-être même à l’État éthiopien de la Corne de l’Afrique et à l’État ougandais d’Afrique orientale.

  • Ces deux derniers États sont activement impliqués dans le processus de résolution des conflits au Sud-Soudan et se heurtent l’un à l’autre pour y exercer une influence afin d’éliminer les tampons défensifs (mais aussi les marchés, bien entendu) pour se protéger eux-même de ce scénario.
  • Il va sans dire que le Sud-Soudan a été créé uniquement parce qu’il a été séparé de force du Soudan après une période de trois décennies de guerre civile et que la dynamique anti-Khartoum n’a pas cessé depuis que Juba a acquis son indépendance en 2011.

Le Sud-Soudan représente donc une menace régionale encore plus asymétrique que la RCA, et leur potentiel combiné de déstabilisation explique pourquoi ils sont tous deux catégorisés dans le cadre de la ceinture des États faillis.

Si leurs conflits respectifs se mêlaient en quelque sorte à une conflagration transnationale, cela représenterait une menace de guerre hybride à grande échelle dans le cœur géographique de l’Afrique, mais le scénario le plus proche est désormais la menace surfaite de Joseph Kony[1].

  • En ce qui concerne les vulnérabilités face à une guerre hybride pour la ceinture des États défaillants et la trans-régionalisation que posent ses conflits internes, il n’est pas surprenant que les États-Unis exploitent la mystique autour de ce seigneur de guerre pour déployer un contingent limité mais très stratégique de forces spéciales en Ouganda, au Soudan, en RDC et en RCA.
  • En y réfléchissant après coup, mais en s’appuyant sur la tangente des conflits trans-régionaux, il est tout à fait pertinent de rappeler le conflit du Darfour et comment il s’agissait essentiellement d’une compétition par procuration autour du lac Tchad entre l’État régional du Tchad et la ceinture d’États faillis étendue au Soudan, pays influencé par les États du Golfe.

Il ne s’agit plus d’un élément géopolitique intéressant, comme il a pu l’être au milieu des années 2000, mais il a quand même le potentiel de réapparaître à l’avenir, surtout si le processus de dissolution soudanais dirigé vers l’extérieur s’accélère et progresse vers les États du Nil bleu et du Kordofan du Sud.

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Enfin, la possibilité réelle que les tentatives des États-Unis pour déclencher une guerre hybride au Burundi provoquent une réaction de déstabilisation en chaîne dans l’est de la RDC, dans le Rwanda (et par extension jusqu’à l’Ouganda) et l’ouest de la Tanzanie, ferait de cet État géographiquement minuscule un déclencheur disproportionné pouvant bouleverser l’équilibre régional.

Bien qu’il n’y ait pas encore au Burundi un conflit actif du même niveau que celui de la RCA et du Sud-Soudan ces deux dernières années, cela ne signifie pas qu’il ne puisse pas se développer rapidement si l’ensemble de l’État tombe sous le coup de la pression de la guerre hybride. Ce scénario inquiétant sera certainement exploré plus longuement, plus tard, dans ce travail.

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En cartographiant les zones transfrontières susceptibles d’étendre des conflits en Afrique, on peut constater indubitablement que c’est l’ensemble au Nord du Centre (ceinture des États faillis) et la partie Est des zones d’Afrique centrale et du Sud qui sont les plus menacés par le déroulement de ce processus destructeur.

En conséquence, cette constatation conduit à conclure que la RDC et les zones qui l’entourent immédiatement fournissent le terrain le plus fertile a une trans-nationalisation des conflits domestiques, ce qui explique un peu (mais pas totalement) pourquoi la Seconde Guerre du Congo a fini par impliquer des États situés loin de l’espace de bataille réel et a été surnommée «la guerre mondiale de l’Afrique».

En d’autres termes, les vulnérabilités face a une guerre hybride pour la zone identifiée, combinées avec sa centralité géostratégique évidente sur le continent africain, rend celui ci doublement capable d’aspirer d’innombrables États dans un trou noir de chaos qui pourrait facilement devenir l’apogée ultime d’une guerre entre les États-Unis et la Chine.


Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Diane pour le Saker Francophone

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Kony


Guerre hybride : 8.
Stratégies contre l’Afrique
Introduction


1 B -Guerre hybride 8. Stratégies de guerre hybride contre l’Afrique (1B)

Institutions financières, douanières et économiques

Outre la perspective de division de la sécurité militaire et les prévisions de «scénarios sombres» appliqués jusque-là pour comprendre la géopolitique africaine, il y a aussi l’approche plus unificatrice et positive de l’analyse des institutions financières, économiques et augmentant l’intégration du continent.

andrew-korybko   Par Andrew Korybko – Le 18 novembre 2016 – Source OrientalReview [1]

Institutions financières

Hybrid Wars 8. Strategies Against Africa – Introduction

L’Afrique abrite deux unions monétaires distinctes, mais étroitement liées, le Franc de l’Afrique de l’Ouest et le Franc de l’Afrique Centrale, qui sont institutionnalisés sous l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest[2] (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale[3] (CEMAC), qui comprennent les anciennes colonies françaises (à l’exception de la Guinée équatoriale d’autrefois tenue par l’Espagne), dont l’unité économique du commerce est encore directement contrôlée par Paris[4]. L’Institut monétaire Ouest Africain[5] (WAMI) intègre les autres pays de la région sous la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) et prévoit de dévoiler sa propre monnaie unifiée, l’Eco[6], d’ici 2020[7], et à l’exception de la colonie française de Guinée d’autrefois, elle est entièrement constituée par des États qui ont été colonisés par le Royaume-Uni.

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  • Rose: UEMOA
  • Violet: CEMAC
  • Jaune: WAMZ

Institutions douanières

Outre les trois institutions financières qui viennent d’être décrites (dont deux ont déjà leur propre monnaie partagée, mais qui sont toutes des unions douanières), deux autres institutions douanières doivent également être mentionnées :

  1. la Communauté de l’Afrique de l’Est[8] (EAC)
  2. et l’Union douanière d’Afrique australe[9] (SACU).

Elles peuvent être identifiées avec les trois autres organisations précitées sur la carte ci-dessous et il est utile de souligner que l’EAC est formée par un noyau à deux, Kenya-Tanzanie (excluant sensiblement l’Éthiopie), qui viennent d’intégrer le Sud-Soudan[10] et prévoient de s’intégrer dans une organisation politique sous le nom de Fédération de l’Afrique de l’Est[11] (EAF), alors que la SACU est évidemment la manifestation institutionnelle de la domination régionale de l’Afrique du Sud et n’a pas de plans à venir pour une expansion future.

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  • Orange: EAC
  • Rouge: SACU

Institutions économiques

Les dernières catégories institutionnelles augmentant l’intégration en Afrique sont les groupements économiques qui se sont développés à travers le continent.

  • La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest[12] (ECOWAS)
    • rassemble l’UEMOA et la WAMZ dans un cadre économique vaguement coordonné.
    • Au nord, les États de Libye, de Tunisie, d’Algérie, du Maroc (y compris le Sahara occidental contesté) et la Mauritanie ont tenté de former l’Union arabe du Maghreb[13] pour resserrer les liens entre eux, mais ont largement échoué, en raison de différences profondément enracinées entre Alger et Rabat.
  • Plus concrètement, le Conseil de l’unité économique arabe, un mécanisme au sein du cadre plus large de la Ligue arabe, a tenté de promouvoir la zone de libre-échange arabe élargie[14] (GAFTA) entre ses membres, avec un succès mitigé, et certains d’entre eux[15] (Algérie, Djibouti, Les Comores et la Mauritanie) ont, pour le moment, diminué leur participation.

Le Marché commun de l’Afrique de l’Est et du Sud[16] (COMESA) est une importante organisation interrégionale qui regroupe une vaste aire allant de la Libye au Zimbabwe et qui contient l’Autorité intergouvernementale pour le développement [17](IGAD) entre le Soudan, le Sud-Soudan, l’Érythrée, Djibouti, l’Éthiopie, la Somalie, le Kenya et l’Ouganda dans sa zone de responsabilité.

  • La Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), dont certains membres (Sud-Soudan, Ouganda et Kenya) ont une coopération qui se chevauchera avec le COMESA / IGAD, alors que la Tanzanie est dans une autre position vis-à-vis de la Communauté de développement de l’Afrique australe[18] (SADC), version plus lâche et plus étendue de l’Union douanière d’Afrique australe (SACU).
  • Il serait très difficile d’élaborer une carte simple désignant les superpositions complexes entre certains des États africains en ce qui concerne cette constellation d’organisations augmentant l’intégration, mais heureusement il existe l’Accord tripartite de libre-échange[19] (TFTA) qui vient d’être signé (mais reste à ratifier) par tous les membres du COMESA, de l’EAC et de la SADC et qui vise à établir une zone de libre-échange unifiée, de l’Égypte à l’Afrique du Sud.

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  • Marron: GAFTA
  • Jaune: CEDEAO
  • Violet: CEMAC
  • Rouge: TFTA

Connecter le continent

Imperfections

La conclusion la plus importante que l’on peut tirer de la carte précédente est que l’ensemble du continent est divisé en quatre zones de libre-échange (que ce soit en pratique ou en théorie), dont le TFTA est la plus significative à l’échelle mondiale. La vision commune des signataires est d’établir une zone économique globale d’intégration nord-sud avec divers couloirs de développement et, en principe, l’idée de relier «Le Cap au Caire» découle des ambitions non réalisées du Royaume-Uni de construire la ligne rouge[20], un chemin de fer reliant les deux villes datant de l’âge impérial.

Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, avant que ce rêve lointain et inachevé ne devienne une réalité économique et les principaux obstacles logistiques et infra-structurels sont :

  • Les liaisons ferroviaires non reliées entre l’Égypte, le Soudan et le Sud-Soudan;
  • La nécessité de relier le Sud-Soudan et l’Éthiopie à leurs voisins du Sud (le Corridor LAPSSET dont on parlera bientôt);
  • Le défi de construire des projets de transport (route, rail) à travers la jungle de la RDC;
  • L’absence de réseaux ferroviaires intégrés multiples entre le Kenya et la Tanzanie;
  • Et la nécessité de relier plus étroitement la Tanzanie et la Zambie au Mozambique, ainsi qu’au réseau ferroviaire existant dans la SACU.

Solutions

Pour tenter de résoudre certains de ces problèmes, la Chine va de l’avant en aidant à financer et / ou à construire trois corridors clés dans le cadre du Plan directeur des chemins de fer de l’Afrique de l’Est[21],

  1. le corridor de transport Lamu Port-Sud-Soudan-Ethiopie (LAPSSET[22]),
  2. le Chemin de fer dit de Standard Gauge[23] au Kenya (SGR)
  3. le corridor central [24] de la Tanzanie.

Le SGR fait partie d’un plus grand réseau de lignes de transport appelé le Corridor Nord [25], qui comprend des routes s’étendant jusqu’à la ville de Kisangani, au nord-est de la RDC.

  • Bien qu’il n’ait pas encore été officiellement planifié, il est possible que le SGR puisse être étendu jusqu’à ce lieu, si la volonté politique et le financement approprié étaient disponibles. En outre, bien qu’il n’y ait pas de nom officiel pour le projet, il existe aussi un lien préexistant entre le Kenya et la Tanzanie, et il faudrait aussi examiner la plus grande pertinence de la reconstruction du chemin de fer transnational TAZARA[26], construit par la Chine dans les années 1970 entre la Tanzanie et la Zambie.
  • Alors que tout cela et un peu plus a été écrit plus tôt dans un article du même auteur, sur la façon dont les Problèmes de l’Afrique de l’Est pourraient étouffer les rêves de Route de la soie de la Chine[27], pour sa pertinence et pour aider le lecteur à visualiser les plans de pékin, voici la carte ci-dessous:

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  • Rouge: TFTA
  • Marron: Chemin de fer Addis-Abeba-Djibouti
  • Jaune: LAPSSET
  • Bleu: SGR (les lignes en pointillé indiquent la possibilité de l’étendre à Kisangani)
  • Vert foncé: interconnexion Kenya-Tanzanie
  • Rose: Corridor central
  • Vert clair: TAZARA

La carte ci-dessus démontre le rôle primordial que joue la Communauté de l’Afrique de l’Est (qui compte s’intégrer un jour dans la Fédération de l’Afrique de l’Est) pour s’intégrer à l’avenir à la zone économique Nord-Sud de l’ALETA (TFTA), avec évidemment l’idée que les couloirs de transport reliant la côte méditerranéenne de l’Égypte aux côtes de l’océan Austral de l’Afrique du Sud, sont absolument essentiels.

Il convient de noter que la carte ne montre pas que TAZARA se connecte également indirectement[28] au Zimbabwe, via le passage frontalier de Livingstone, et qu’à partir de là, le fret qui le traverse a la possibilité de se diriger vers le réseau ferroviaire sud-africain, qui intègre la plus grande partie du cône sud.

Par conséquent, si les projets énumérés ci-dessus sont pleinement achevés comme prévu, la seule construction supplémentaire qui devrait alors être entreprise est la modernisation du réseau TAZARA et de certains de ses réseaux reliés au cône Sud et la création d’un réseau fiable Égypte-Soudan relié au Sud-Soudan et l’Éthiopie.

Vers une interconnexion Est-Ouest

Aussi importante que cette route de transport bidirectionnelle puisse potentiellement devenir, il est utile de parler de la possibilité de l’étendre, pour devenir un réseau historiquement sans précédent entre l’océan Indien et l’océan Atlantique.

Pour rappeler la première carte qui a été présentée dans cette partie de l’étude, il y a essentiellement cinq régions en Afrique, qui ont leur propre leader existant ou possible (comme dans le cas de la RDC).

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La connectivité nord-sud prévue de l’ALETA (TFTA) ne fait qu’intégrer trois d’entre eux – l’Égypte, l’Éthiopie et l’Afrique du Sud – tout en laissant une grande partie du potentiel de la RDC à l’extérieur de la construction économique et en évitant complètement le Nigeria.

En outre, bien que tous ces nœuds de pouvoir puissent théoriquement échanger entre eux par des itinéraires maritimes, cela serait beaucoup plus efficace s’ils étaient également reliés par des chemins de fer continentaux, en particulier si cela pouvait se dérouler entre l’Éthiopie et le Nigeria.

  • Malheureusement, la ceinture d’états faillis du Soudan du Sud et de la République centrafricaine ne permet pas à ce projet de devenir une réalité.

La meilleure alternative à moyen terme est de relier l’Éthiopie aux puissances économiques émergentes et aux leaders sous-régionaux de la Tanzanie et de l’Angola.

  • Le premier pourrait être réalisé par l’intermédiaire du réseau de transport examiné plus tôt qui prend racine dans la Communauté de l’Afrique de l’Est, mais il n’y a pas encore de possibilité de le faire avec l’Angola, ni de solution viable pour intégrer la RDC dans le cadre plus large.
  • Quant à l’établissement d’un couloir continental entre le Nigeria et l’Angola, il n’y a aucune motivation pressante à le faire, car l’espace littoral atlantique ne vaut pas l’investissement économique en raison de la très petite taille cumulative de son marché (environ 6,5 millions de personnes), la configuration chaotique du terrain, la concentration des ressources recherchées au niveau international le long de la côte et le fait que les voies d’accès maritimes existantes sont rentables et fonctionnent très bien.

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L’auteur a soigneusement observé qu’il n’est pas impossible d’atteindre l’objectif de transport logistique pour relier l’Éthiopie et la Tanzanie à l’Atlantique et que la solution réside dans l’improvisation de deux corridors de transport supplémentaires,

  • l’un par la RDC, le long du fleuve Congo,
  • l’autre comme une voie ferrée qui part de TAZARA et est reliée à l’Angola.

En ce qui concerne la première proposition, il est possible d’expédier des marchandises sur le fleuve Congo depuis Kisangani, ce qui deviendrait encore plus important et pratique, si la ville devait un jour être reliée au projet SGR du Kenya.

  • De la capitale Kinshasa, après avoir ramassé diverses ressources en cours de route, il ne s’agit que d’un autre court trajet[29] en train vers Matadi et au-delà des rapides incontournables du Congo pour atteindre la côte atlantique.

En ce qui concerne l’Angola, TAZARA peut

  • soit être relié au réseau ferroviaire existant mais très délabré de la province du Katanga,
  • soit passer par la région de Barotseland en Zambie occidentale, par le biais[30] du projet ferroviaire du Nord-Ouest[31] afin d’atteindre le terminal ferroviaire angolais de Luau.

Le chemin de fer de Benguela[32], qui a été récemment rénové avec l’aide chinoise[33], relie cette ville au port atlantique de Lobito et a également la possibilité de s’intégrer avec la RDC, si les chemins de fer voisins du Katanga étaient modernisés et remis sur les rails.

Les correspondances possibles Angola-TAZARA par le biais du projet ferroviaire du Nord-Ouest et l’itinéraire suggéré par la province du Katanga sont conceptualisées dans la carte ci-dessous, à côté du corridor de transport proposé du fleuve Congo.

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  • Bleu clair: Route du fleuve Congo
  • Gris: liaison TAZARA-Benguela, via le projet ferroviaire du Nord-Ouest et transit par la province du Katanga.

Cette dernière carte représente la vision de la Route de la Soie chinoise pour l’Afrique et servira de base au reste de l’étude de l’auteur, sur les plans américains de guerre hybride pour saboter ce réseau transocéanique.

Ayant acquis une appréciation des plans de Pékin à travers le continent, il est maintenant pertinent de rappeler au lecteur le concept antérieur qui a été exprimé sur la menace trilatérale que les conflits au Burundi, dans la province du Katanga et au Malawi peuvent poser pour la viabilité du Corridor transocéanique africain.

  • Si un, deux ou trois d’entre eux éclataient avec une violence à grande échelle, cela pourrait créer suffisamment de complications militaires et stratégiques pour diviser le TFTA en deux zones distinctes nord-sud

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  • Rouge: TFTA
  • Noir: Zones potentielles de conflit
  • Flèches: Trajectoires de déstabilisation attendues

Compte tenu de la violence existante au Sud-Soudan, qui rend les projets LAPSSET et SGR irréalisables pour le moment, il est facile de voir que les plans de grande envergure de la Chine font face à un défi formidable dans leur application.

Même si seulement des segments partiels de LAPSSET, de SGR et du Corridor central sont créés, ce serait encore une victoire impressionnante pour la grande puissance asiatique, parce que les deux économies d’ancrage du Kenya et de la Tanzanie sont assez importantes pour justifier les investissements et le risque inhérent.

Pourtant, il serait préférable qu’une plus grande part du réseau soit créée, d’autant qu’il fournit la garantie la plus sûre de la souveraineté multipolaire de la région et une plus grande promesse de libérer le reste de l’Afrique de l’influence unipolaire directe.

Avant de passer à la première analyse régionale africaine de cette étude, il est utile de revoir l’ordre des recherches et de rappeler exactement ce qui est étudié.

Il est déjà établi, à partir des cartes les plus récentes, que les menaces de guerre hybride dans la Corne de l’Afrique, l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale et australe font l’objet d’études.

  • Mais pour le Nigeria, la simple taille de la plus grande économie d’Afrique signifie qu’il est impossible d’exclure ce pays, en dépit de l’existence de la ceinture d’États défaillants empêchant indéfiniment l’émergence d’une route fiable Éthiopie-Nigeria sur le continent.
    • En outre, en raison de l’inclusion du Nigeria dans ce travail, il est également nécessaire d’aborder les menaces de guerre hybride liées à ses voisins les plus pertinents, Niger, Tchad et Cameroun, surtout qu’ils sont tous confrontés au même ennemi, Boko Haram.

Pour rappeler au lecteur la catégorie particulière dans laquelle chaque pays tombe et dans quelle section de la recherche il sera abordé, il est utile de revisiter la carte du début de l’introduction

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  • Vert – Corne de l’Afrique
  • Jaune Afrique de l’Est / Fédération de l’Afrique de l’Est
  • Bleu – Centre-Afrique australe
  • Noir – Ceinture d’États faillis
  • Rouge – Région du lac Tchad
  • Lignes hachurées – Pays qui seront inévitablement impliqués par la déstabilisation dues aux guerres hybrides, que ce soit comme acteur agressif, victime passive, ou un mélange des deux.

La recherche se poursuivra avec un ordre de présentation suivant les catégories de cette carte,

  • ce qui signifie que la corne de l’Afrique sera examinée en premier et que la région du lac Tchad sera couverte en dernier. Chaque section catégorisée peut se concentrer soit sur la région en général, soit être divisée en différentes parties qui étudient plus globalement certains ou tous les pays affiliés.

Le style variera en fonction de ce que l’auteur pense nécessaire pour transmettre correctement les points pertinents, de sorte que le lecteur n’a pas à avoir d’attentes particulières sur le formatage et la longueur. Des études de pays seront sans doute commencées, mais il est peu probable qu’elles soient réalisées sur une échelle aussi étendue que celle de l’ASEAN. Cette différence est justifiée par l’importance économique accrue de tous les pays asiatiques du sud-est dans l’économie mondiale et leur importance géopolitique première occupant un espace stratégique entre la Chine et l’Inde, où se chevauchent leurs domaines d’intérêt, ainsi que leur statut de «gardien» contrôlant l’accès continental et maritime aux océans Indien et Pacifique.

Les analyses africaines à venir visent à remédier pleinement à toutes les menaces de guerre hybride auxquelles sont confrontés chaque pays et leur région, en exposant de manière préventive les divers mécanismes que les États-Unis peuvent exploiter; espérant ainsi donner aux populations ciblées et à leurs gouvernements, suffisamment de temps pour préparer des contre-mesures adéquates.

Andrew Korybkoest le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Spoutnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF en anglais  gratuitement et à télécharger ici.

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone

[1] http://orientalreview.org/2016/11/18/hybrid-wars-8-strategies-against-africa-1b/

[2] https://ustr.gov/countries-regions/africa/regional-economic-communities-rec/west-african-economic-and-monetary-union-uemoa

[3] http://www.internationaldemocracywatch.org/index.php/central-african-economic-and-monetary-community

[4] http://nsnbc.me/2015/10/17/the-cfa-franc-africas-financial-anachronism/

[5] http://www.wami-imao.org/cgi-sys/suspendedpage.cgi

[6] http://www.africanreview.com/finance/economy/west-africa-s-single-currency-reliant-on-economic-growth

[7] http://allafrica.com/stories/201411040366.html

[8] http://www.eac.int/federation/

[9] http://www.sacu.int/

[10] http://www.nation.co.ke/business/South-Sudan-admitted-into-EAC/-/996/3100314/-/6t0bfiz/-/index.html

[11] http://www.eac.int/federation/

[12] http://www.ecowas.int/

[13] http://www.maghrebarabe.org/ar/

 [14] http://www.bilaterals.org/?-GAFTA-&lang=en

[15] http://www.medea.be/en/themes/economy-and-trade/arab-free-trade-area-afta/

[16] http://www.comesa.int/

[17] https://fr.wikipedia.org/wiki/Autorit%C3%A9_intergouvernementale_pour_le_d%C3%A9veloppement

[18] http://www.sadc.int/

[19] http://www.bbc.com/news/world-africa-33076917

[20] http://www.globalsecurity.org/military/world/europe/uk-cape-to-cairo-railway.htm

[21] http://africa.chinadaily.com.cn/weekly/2015-02/06/content_19507455.htm

[22] http://www.lapsset.go.ke/

[23] http://www.railway-technology.com/projects/mombasa-nairobi-standard-gauge-railway-project

[24] http://centralcorridor-ttfa.org/about-us/back-ground/

[25] http://www.ttcanc.org/page.php?id=11

[26] http://tazarasite.com/wp-content/uploads/2014/11/Route_Map12.png

[27] http://orientalreview.org/2016/02/09/east-africas-problems-might-spoil-its-silk-road-dreams/

[28] http://www.mapsofworld.com/zambia/rail-map.html

[29] http://www.transportworldafrica.co.za/2015/01/26/huge-investment-for-north-west-rail-project

[30] http://www.agenceecofin.com/finance-uk/2508-31662-drc-resumption-of-traffic-on-kinshasa-matadi-rail-link-after-15-year-interruption

[31] https://www.bloomberg.com/news/articles/2014-02-03/grindrod-unit-northwest-rail-sign-989-million-zambia-line-deal

[32] http://china-africa-reporting.co.za/2014/02/angolas-chinese-built-rail-link-and-the-scramble-to-access-the-regions-resources/

[33] http://www.railwaygazette.com/news/infrastructure/single-view/view/three-presidents-inaugurate-rebuilt-benguela-railway.html

source/ http://lesakerfrancophone.fr/guerre-hybride-8-strategies-de-guerre-hybride-contre-lafrique-1b